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Une affiche de la Commune – La Contemporaine en BD

Cette BD a été réalisée dans le cadre d’un séminaire animé par Ewa Tartakowsky (Master 1 du cours « Mémoire et politique »)

D’autres BDs ont été publiées dans Matériaux pour l’histoire de notre temps n°147-148 (avec un lien cairn). Bonne lecture !

Alexandre Samaha, M2 Études politiques, Nouveau collège d’études politiques, Université Paris Nanterre

La Commune de Paris est devenue un mythe : l’espérance d’une société nouvelle, mêlant idéaux révolutionnaires, socialistes, communistes et anarchistes. Son écho, encore très puissant aujourd’hui, fait l’objet d’une fracture claire qui a débuté rapidement après la fin des évènements. Dès 1872 commençait ainsi la construction du Sacré-Cœur, à Montmartre, où prirent place les évènements de la Commune. Symbole des luttes mémorielles, la basilique divisait encore en 2021 quant à son inscription aux monuments historiques. C’est notamment pour ces raisons que j’ai choisi de travailler sur l’affiche de la Commune du 2 avril 1871

L’intérêt d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) repose sur la démonstration de cette fracture, dans la mesure où l’ordinateur propose au minimum quatre résultats pour chaque demande réalisée. Les programmes utilisés – Mid Journey et Dall-E – sont en effet des programmes dits « texte vers image » qui retranscrivent ce que tape l’utilisateur dans le champ de texte en une image. Cette image est produite à partir d’éléments fondés sur un apprentissage par l’ordinateur de données qu’il améliore lui-même, sans avoir à être programmé pour chacune d’entre elles. Puisant donc dans des bases de données déjà existantes et non-vérifiées, l’ordinateur délivre un rendu nettement biaisé. Lors de mon travail, j’ai par exemple demandé la génération suivante : « mémoire de la Commune de Paris de 1871 ». Les quatre résultats proposés furent alors tout à fait différents : d’un côté, la mémoire d’un évènement heureux, rouge, chapeaux lancés en l’air, la tour Eiffel en fond (qui témoigne d’ailleurs d’un anachronisme évident). De l’autre, la mémoire d’une catastrophe, honteuse, noire, brouillonne. Comme s’il fallait qu’un évènement si important soit oublié.

Il me semblait important de se saisir de tels enjeux dans la mesure où la mobilisation de la « mémoire » par les responsables politiques laisse fréquemment place à des simplifications historiques plus ou moins volontaires. De tels usages de la mémoire historique ne laissent point de place à la rigueur requise par la recherche : en résulte alors ce que l’on pourrait désigner comme des raccourcis historiques, voire des manipulations. Je souhaitais faire comprendre que l’usage de la mémoire historique sert l’agenda politique de nombreux hommes et femmes qui construisent une base électorale autour de grandes figures. Dès lors, l’utilisation de l’intelligence artificielle, qui agrège des données disponibles sur internet qu’elles soient scientifiques ou non scientifiques, vérifiées ou pas, m’a permis d’illustrer ces phénomènes de simplification. Son usage dans le cadre de cet exercice visait également à montrer l’étendue des possibles ouverte par ces outils si ceux-là devaient prendre place dans le cadre d’une campagne politique, par exemple, ne faisant ainsi qu’accentuer ces phénomènes dangereux.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
LC Admin (26 mars 2024). Une affiche de la Commune – La Contemporaine en BD. La contemporaine. Bibliothèque, Archives, Musée des mondes contemporains. Consulté le 19 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w3wr


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